GABES CINEMA FEN en est aujourd’hui à sa 4e édition. Après une 3e édition qui a été exceptionnelle au vu de la conjoncture sanitaire, il était important pour nous de se retrouver, de discuter, de voir des films en salles en permettant aux œuvres d’occuper l’espace public. C’était l’édition des retrouvailles qui nous avaient tant manqués et dont on avait toutes et tous besoin et ce malgré le risque et l’obligation de raccourcir l’édition.
Cette année, nous espérons que l’atmosphère sera plus sereine, toujours avec le même engagement, celui de prendre le temps de l’échange et de la réflexion, celui de donner le temps à des œuvres et des films qui rompent avec les images qui nous envahissent.
Nous n’allons pas nous voiler la face, le monde vit des temps difficiles : guerres, crises économiques, crises écologiques... Notre région n’est pas plus épargnée que les autres.
« L’impuissance est, incontestablement, l’emblème du malheur arabe aujourd’hui. Impuissance à être ce qu’on pense devoir être. Impuissance à agir pour affirmer votre volonté d’être, ne serait-ce que comme une possibilité… Le malheur arabe c’est aussi le regard des autres. Ce regard qui empêche jusqu’à la fuite et qui suspicieux ou condescendant, vous renvoie à votre condition, jugée indépassable, ridiculise votre impuissance, condamne par avance votre espérance… »
Ce qu’a écrit Samir Kassir, est un sentiment et une perception toujours largement partagés. Néanmoins, une rupture s’est malgré tout engagée, exister par nous-mêmes, pour nous- mêmes. La volonté d’être devient une possibilité et elle s’exprime dans les films et les œuvres, une sorte de libération de la condamnation de l’autre.
A travers ses quatre sections : Art Vidéo, Réalité virtuelle, Cinéma mais aussi Art et pensée, GABES CINEMA FEN fait le choix de mettre en avant les gestes artistiques qui ont la force de nous raconter en dehors des représentations dominantes.
Dans la section Art vidéo, Rabih Mroué a choisi des œuvres qui questionnent un monde sans images. Dans la section Réalité virtuelle, Mohamed Arbi Soualhia nous donne à voir les technologies qui nous font découvrir de nouvelles écritures par l’image. Dans la section Cinéma, Ikbal Zalila parle d’un cinéma politique qui résiste et qui interpelle le monde.
A travers GABES CINEMA FEN, nous aspirons à questionner le rôle des images et celui des narrations visuelles. Nous avons conscience que montrer des images participe à construire la mémoire collective. C’est une de nos responsabilités.
Et pour toutes ces raisons, nous choisissons les images tremblantes, imparfaites, radicales, politiques… parce qu’elles aussi ont le droit d’exister.