Et si, l’espace d’un instant, nous plongions dans ce qui échappe au temps ? L’obscurité ne serait-elle pas une forme de lumière ?
Par sa générosité, l’art vidéo, discipline artistique rebelle, absorbe et fusionne toutes les formes d’expression artistique, échappant ainsi aux cadres, à la linéarité, aux limites du matériel, du visible et de l’évident.
Le processus de création nous amène à nous interroger sur les expériences, les réflexions, les idées, les pensées, les critiques, les images, les bruits, les silences, les couleurs, les nuances, les formes ou les rencontres qui nous échappent. N’est-ce pas dans l’intime que se produisent les rencontres les plus déroutantes ?
Ces intimités convergent et interagissent, un axe que l’on retrouve dans la sélection des œuvres de ces six artistes. Une intimité qui se crée avant l’œuvre et au-delà de sa diffusion. Les frontières émergent dans un autre axe, créant ainsi d’autres voies de dialogue et d’évasion. Comment échapper à la lumière et percevoir les nuances, comment faire du texte un élément visuel échappant à l’interprétation, comment faire de l’expérience socioculturelle une approche plastique unique ?
Dans K-Off, nous vous invitons à transcender les limites du temps et de l’espace qui se mêlent dans un ballet intemporel. Les images en mouvement capturent l’éphémère, figeant des moments fugaces. Les sons se transforment en couleurs et en formes, créant des univers où le temps n’a pas de prise.
Sans se connaître au préalable, les expériences des artistes se rapprochent.
Yosr Ben Messoud propose un "Dialogue" d’abord entre l’image et le son ensuite entre la compréhension et son antonyme, puis entre-t-elle et le cinéaste Sébastien Lifshitz, leurs vocabulaires picturaux comme leurs émotions. Deux univers se fondent en "un seul univers de communion ».
Amira Lamti décompose le langage et les images à travers son projet "Rituel avec elle", exposant à travers deux vidéos et une série d’images (fixes et mobiles) son grand-père entre héritage et individualité. Les techniques de collage et de répétition servent de vecteur de connexion entre son propre quotidien et celui de son grand-père.
Dans son "Ex-voto", Mohamed Ali Boulaba tente d’approcher la notion de l’inframince de Marcel Duchamp en invitant les spectateurs à explorer "les variations des rayons du soleil projetés sur une table en bois, accompagnant l’émergence subtile d’une image sur un sensible papier photo". Abordant une approche subtile, Boulaba utilise le texte comme contraste à la capacité immersive de la vidéo afin de souligner comment le langage peut influencer l’expérience de la perception visuelle.
Dans son œuvre "Gabès", Zeineb Kaabi convertit des recherches scientifiques en images faites de textes et de mots inouïs. Elle laisse les mots et les lettres s’évaporer pour se figer dans des formes et des silhouettes, interrogeant, ainsi, par une approche visuelle les défis environnementaux auxquels est confrontée la ville de Gabès.
Se plonger dans l’univers de Yosra Tourki, c’est s’imbiber directement dans une émotion familière. "Remnants of a Kanoun" (Vestiges d’un Kanoun ) explore l’art comme moyen d’introspection et repousse les limites de l’intimité. L’artiste interroge également les éléments visuels et auditifs de la vie quotidienne, poussant à l’extrême les effets de la distance et de l’inaccessible.
Pour Sarra Kanzari, l’intimité est universelle. À travers l’objectif de son appareil photo, elle donne naissance à des images qui ouvrent des fenêtres sur l’âme. Son approche est avant tout documentaire et introspective, se traduisant par une quête entre les rives, les disciplines artistiques ainsi que l’individualité et le social.
K-OFF, c’est une porte ouverte sur l’infini, un voyage sans fin à travers le réel et l’imaginaire, l’intime et l’universel, le personnel et le politique. C’est dans cet espace intemporel que se révèle toute la puissance de l’art vidéo, offrant à chacun la possibilité de s’évader et de se perdre dans l’immensité de l’art.